Inventaire à la mort de Madame de la Pagerie
Le 6 juin 1807 l’inventaire des biens, esclaves et bestiaux de l’habitation sucrerie La Pagerie est fait par le notaire Impérial Alexandre Louis Auguste Chasteau De Baylon en présence du Chevalier Faure propriétaire de l’habitation Poterie , du Sieur Ganteaume voisin de la défunte, d’Audiffredy parent, donne les informations suivantes :
La maison d’habitation est constituée de 7 pièces dont la cuisine et la galerie qui sert de salon, 5 chambres mesurant 36 pieds de long sur 20 de large en maçonne, couverte en tuiles avec un appentis servant de case à eau, une cuisine en maçonne et ses accessoires, un bâtiment servant de logement d’amis séparé de la maison principale composé de 3 chambres.
Un bâtiment de 20 pieds sur 12 servant d’office et de poulailler construit en palissade et planches, couvert en tuiles, une lapinière couverte en essentes, 8 cases de domestiques en mauvais état, 30 cases à nègres couvertes en paille construites et palissadées en roseau. 2 cases à bagasse en mauvais état, une case construite partie en maçonne, partie palissadée, bordée en planches servant de manioquerie, une grage ou râpe, 2 platines de potin.
Un moulin à bœuf avec appentis couvert en tuiles en bon état.
Un pavillon mesurant 48 pieds de long sur 16 de large construit en palissade bordé en planches couvert en tuiles.
Un bâtiment de 85 pieds de long sur 40 de large servant de purgerie et de sucrerie, une galerie sur la plus longue face, au bout de laquelle est une étuve contenant 500 formes, l’appentis pour chauffer a une petite galerie sur le vent , le tout couvert en tuiles.
Un bâtiment construit en palissades, bordé en planches, couvert en essentes, servant de cases à cabrouet et de tonnellerie.
La plantation est constituée de 3 carrés nouvellement plantés en cannes et bonne à exploiter devant produire 300 formes , 20 carrés de rejetons de tout âge présumés devoir rendre 50 formes le carré, 7 carrés plantés nouvellement en cannes. Les carrés de terre en culture forment ensemble 141 carrés.
Elle est constituée de 132 esclaves, 28 mulets, 5 chevaux ou juments, 22 bœufs de charoy, 20 têtes de vaches dont 3 veaux et vedelles et 26 moutons.
Elle recevait 100.000 livres de pension de l’empereur.
Le 22 octobre 1807 l’empereur demande que les 6 nègres ou négresses qui étaient les plus attachés à Madame De La Pagerie reçoivent leur liberté. (Madame De La Pagerie avait demandé 10 libertés).
La demoiselle de 18 ans enfant trouvée que Madame de La Pagerie avait recueillie et adoptée sera mariée convenablement et sera dotée de 40 à 60.000 francs en cas d’un mariage avantageux.
La nourrice de sa majesté L’Impératrice recevra tous les secours nécessaires, il lui sera accordé une pension qui la fera vivre dans l’aisance.
La mulâtresse Gertrude âgée de 72 ans, nourrice de sa majesté l’Impératrice et Reine et esclave
de Madame De La Pagerie mère de Sa Majesté est libre et affranchie de toute servitude Elle prend le nom de Marion. Il lui est constitué provisoirement une pension viagère de 500 francs argent de France, elle sera payée d’avance tous les trois mois. Elle pourra continuer à vivre sur l’habitation, sa fille Lucette lui est laissée pour la servir, la fille libérée il n’y aurait aucune garantie qu’elle ne l’abandonnerait pas.
Le 12 mars 1808 un arrêté est pris pour exécuter les ordres de l’empereur et Roi d’une dote de 60 .000 francs en son nom à la Demoiselle Marie Josèphe Benaguette qui avait été recueillie et adoptée par Feue Madame De La Pagerie. L’intention de Madame De La Pagerie qui l’avait adoptée et recueillie était qu’elle soit mariée convenablement et soit dotée de manière à faire un mariage avantageux qu’elle n’eut pu espérer si Madame De La Pagerie eut pourvu elle-même à son établissement. Etant donné le mariage projeté entre Le sieur Blanchet secrétaire particulier de Monsieur Le Capitaine Général et Mademoiselle Marie Joseph Benaguette née le 17 mars 1786 aux Trois Ilets, baptisée le 2 avril 1786, fille naturelle de Marie Louise Benaguette veuve de Chauvette, de la paroisse de La Rivière Salée, ayant eu pour parrain Messire Gaspard Joseph Tascher De La Pagerie et pour Marraine Madame Claire Rose De Sanois.
Rose dite Tranquille âgée de 74 ans pour qui feu Madame De La Pagerie avait de l’amitié et de la confiance et qu’elle laissait jouir depuis longtemps d’une liberté de fait dans sa case.
La négresse Anne âgée de 55 ans
La capresse Léocade âgée de 45 ans c’était une femme de confiance attachée au service de l’intérieur de la maison.
Le mulâtre Louis Dit Laguerre âgé de 55 ans cuisinier.
La négresse Marie Madelaine Dite Dène âgée de 48 ans celle-ci n’appartenait pas à Madame
De La Pagerie, mais sa propre maîtresse lui avait accordé la liberté par testament du 15 décembre 1801. Elle fréquentait la maison de Madame De La Pagerie avec tant de zèle et de constance durant sa dernière maladie que Madame De La Pagerie s’y montrait extrêmement sensible et lui avait promis de lui faire confirmer sa liberté.
Un carré* = 1 ha, 29,27
Eléments de l’inventaire du 11 avril 1815
Succession de Joséphine par Hortense et Eugène comme héritiers chacun pour moitié de l’habitation La Pagerie.
Monsieur Le Baron Charles Tascher De La Pagerie chef d’escadron, chevalier de la légion d’honneur domicilié au quartier du Vauclin administrateur et dépositaire de tous les biens meubles et immeubles dépendant de la succession de Feue ‘Impératrice Joséphine.
L’inventaire est le même qu’en 1807 hormis la présentation d’un hôpital de 36 pieds de long sur 12 de large en pailles, 38 cases à nègres, 12 chaudières à sucre, 3 cases à bagasse de 10 pieds sur 18 de large. I l y a 112 esclaves contre 132 en 1807.
Eléments de l’inventaire en 1816
En 1816 Hortense vend sa part de l’habitation soit la moitié à Eugène.
Le dénombrement des nègres appartenant à A .R Le Prince Eugène sur son habitation La Pagerie aux Trois Ilets le 1er Mai 1817 donne les informations suivantes :
De 112 nègres en 1815 elle passa à 116
Hommes esclaves au jardin 29
Femmes esclaves au jardin 28
Hommes esclaves employés hors du jardin 15 et 7 domestiques pour Monsieur Tascher
Femmes esclaves employées hors du jardin 6
Garçons esclaves au dessous de 14 ans employés 8
Enfants aux cases n’étant pas en âge pour travailler 20
Infirmes hors de service 4
Nègres jouissant depuis longtemps de la liberté de savane 2
PLANTATIONS :
Carrés plantés en canne, 30
Carrés plantés en vivres, 30
Carrés plantés en savane, 50
Carrés en bois debout, 50
Total 160 carrés de terre
BESTIAUX :
Mulets 23
Bœufs 20
Vache et Génisse 2